kôh lambda

Le soleil était haut perché dans le ciel, la rosée avait séché depuis longtemps, le sol était sec et craquelé. Le silence régnait, il était d'ailleurs étouffant. Plein de non-dits, d'angoisse et d'attente.

Il s'était levé tôt, il avait travaillé d'arrache pied pour occuper cette journée qui promettait d'être très longue, trop longue.

Sur ses épaules frêles, il avait porté du bois, scié, attaché, plié. Les branches étaient rebelles, il s'était entaillé la joue mais il ne sentait pas la douleur tant il était absorbé par sa tâche. Plus rien ne comptait. Il fallait faire vite, la nuit allait tomber et rien n'était terminé.

Il lui fallait finir cet abris avant la nuit parce que personne ne pouvait prévoir ce qui se passerait une fois la lune sortie de sa cachette. Tout était possible.

Les bruits alentours étaient inquiétants, il essayait de ne pas y penser, de se concentrer. Il était beau, fort, courageux. Bien qu'amaigri par plusieurs heures de diète forcée. Il ne pouvait pas se préoccuper de tout en même temps. Manger était secondaire, il y penserait plus tard quand son fardeau serait terminé, qu'il serait à l'abri des animaux sauvages, des serpents, des hyènes et autres compagnons.

Il avançait bien, il était fier de lui. D'ici quelques heures, la cabane serait terminée, le feu brûlerait devant lui et il pourrait se reposer un peu, sur une oreille, l'autre toujours à l'affût.

Mais tout à coup, il sentit le danger arriver derrière lui, il avait commencé par entendre un léger sifflement, puis il avait senti une odeur familière. Il avait essayé de ne pas y prêter attention, de nier son existence et de continuer à accomplir sa tâche oh combien importante.

Il était presque au bout, c'était une question de minutes, il fallait qu'on lui laisse encore un peu de temps...

Mais il savait que tout était terminé, que le choix il ne l'avait plus! 

Alors il s'est retourné, il a fait face au danger, il l'a regardé dans les yeux. Il sentait son odeur, il reconnaissait son visage, son expression déterminée mais il a quand même essayé de négocier.

"allez maman, encore 5 minutes !!!! j'ai presque fini ma cabane"